» Le remboursement des séances de psy, une fausse bonne idée ? « 

Rappelons que l’accès aux psychologues reste libre.

En effet, et contrairement à ce que « l’effet d’annonce » peut (veut ?) laisser croire, le dispositif de parcours de soins qui sera proposé à partir de janvier 2022 pour bénéficier de consultations remboursées par la CPAM auprès de psychologues est très encadré et contraint :

  • obligation d’une prescription médicale (médecin traitant et psychiatre) à plusieurs étapes du parcours comportant une évaluation de la problématique du patient et décision si elle relève de consultations de soutien psychologique :  » (…) Pour pouvoir bénéficier de ces séances gratuites, il faut en effet consulter un médecin généraliste, qui, à l’issue d’un test de santé psychique, prescrit un forfait de quelques séances «de soutien» chez un psychologue (…) À l’issue des dix premières séances, le patient doit retourner chez le généraliste, qui le réoriente vers un psychiatre, qui peut alors prescrire à son tour dix nouvelles séances. (…) »
  • nombre de séances limité : 10 renouvelables une fois, soit au total maximum 20 séances
  • confidentialité et discrétion partagées entre le psychologue, les médecins traitant et psychiatre, la CPAM, la mutuelle…
  • dispositif proposant au mieux un « soutien psychologique » (et aucunement une psychothérapie)
  • problématiques relevant de ce dispositif et permettant d’en bénéficier limitées

Une fausse bonne idée, donc ? L’article ci-dessous reprend ces quelques éléments.

Par Coline Renault, publié le 28 septembre 2021, original ici.

FOCUS – La consultation d’un psychologue devrait être bientôt prise en charge par l’Assurance maladie. Mais le dispositif tel qu’expérimenté dans quatre départements soulève de nombreuses critiques.

Des séances de psychologue à 60 euros l’heure, ou près d’un an d’attente pour avoir rendez-vous dans un centre médico-psychologique (CMP) ? Voilà le dilemme auquel font face les nombreux Français en souffrance psychique qui souhaiteraient consulter. Pour remédier au problème, Emmanuel Macron a annoncé, ce mardi 28 septembre, le remboursement des séances de psychologues à l’issue des assises de la santé mentale et de la psychiatrie, selon une information de RTL.

Problème : le dispositif a fait l’objet d’une expérimentation dans quatre départements français (les Bouches-du-Rhône, la Haute-Garonne, les Landes et le Morbihan), et n’a pas convaincu les professionnels du secteur. Seuls 1700 psychologues ont participé à l’expérimentation, soit 5 à 6% des professionnels éligibles. Ces derniers regrettent un parcours de soins «trop lourd», selon Patrick Ange Raoult, président du syndicat national des psychologues, qui «ralentit la prise en charge du patient».

Le secret médical en question

Pour pouvoir bénéficier de ces séances gratuites, il faut en effet consulter un médecin généraliste, qui, à l’issue d’un test de santé psychique, prescrit un forfait de quelques séances «de soutien» chez un psychologue, les patients présentant des troubles psychotiques ou des idées suicidaires n’étant pas éligibles au dispositif. À l’issue des dix premières séances, le patient doit retourner chez le généraliste, qui le réoriente vers un psychiatre, qui peut alors prescrire à son tour dix nouvelles séances. «Nombre de mes patients ne souhaitent pas se confier à leur médecin généraliste au sujet de leur souffrance psychique, et les médecins ne sont pas formés en psychopathologie. Cela pose un vrai problème de secret médical», observe Mathieu Collet, psychologue libéral à Millau (Occitanie). Lui a participé pendant près de deux ans au programme pilote, avant de s’en retirer en mars dernier. «Dans la région, l’expérimentation a été un échec. La moitié des psychologues se sont retirés avant la fin», poursuit-il. La durée des séances remboursées, 30 minutes, pose également problème aux professionnels du secteur. «On ne peut pas recevoir un patient dans ces conditions. Alors, les séances sont plus longues… à notre charge», explique-t-il.

Des tarifs «trop bas»

Le montant du remboursement est également critiqué par les psychologues. Le tarif de la consultation est fixé à 25 ou 30 euros, bien en dessous des 50 ou 70 euros habituellement pratiqués. «Les dépassements d’honoraires sont interdits dans le dispositif. Avec des consultations à ce tarif, si on ajoute les charges, le salaire moyen d’un psychologue s’élève à 1240 euros net par mois», soupire Mathieu Collet.

Résultat, seuls les jeunes psychologues en quête de patientèle risquent de recourir au dispositif, à en croire Patrick Ange Raoult. «On risque de créer une consultation à deux vitesses : des séances courtes avec des psychologues moins expérimentés pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir des séances en libéral, comme les autres. On est loin d’un accès universel et direct à la psychologie.» Cet accès-là devrait en effet être offert par les centres médico-psychologiques, ces structures d’accueil en milieu ouvert qui présentent des listes d’attente de 8 mois à un an, selon les régions. «On externalise les manques des CMP, plutôt que de renforcer leurs capacités d’accueil», regrette Patrick Ange Raoult. En janvier dernier, le gouvernement a annoncé l’embauche de 160 personnes supplémentaires dans les CMP sur toute la France.

« Il y a beaucoup de psychologues qui vivent bien de leur profession, a commenté Emmanuel Macron ce mardi 28 septembre lors de la clôture des Assises de la Santé Mentale, et qui facturent des consultations bien supérieures, en termes de tarifs, à celles que je viens d’évoquer. Ils pourront continuer à exercer leur profession de la même manière. » Cette mesure de forfait de consultations est davantage destinée aux psychologues « qui n’arrivent pas à vivre de leur métier » et à ceux « qui ne peuvent accéder à des consultations auprès de psychologues si les tarifs ne sont pas encadrés ». (article complet ici).

Communiqué : Les psychologues partie prenante de l’accompagnement psychologique au sein de la crise sanitaire du COVID 19

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Psychiatres, psychologues, psychanalystes… qui pour quoi ?

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Psychiatres, psychologues, psychanalystes… comment bien choisir son psy?

Par Manon Duran_Publié le

De nombreux clichés subsistent autour des métiers de la « psychologie ». Comment différencier ces professionnels qui soignent nos esprits et apaisent nos angoisses?

Ce n’est pas parce qu’on va voir un psy qu’on est fou. Cette phrase n’est pas de nous, mais de Mickael Benyamin*, psychologue clinicien spécialisé dans l’accompagnement d’adolescents et maître de conférences à l’Université Paris-Diderot. En effet depuis plusieurs années, aller voir un psy n’a plus rien d’extraordinaire. Bien au contraire. C’est même encouragé dans de nombreux cas de figure. D’après un récent sondage** réalisé par la société YouGov, 1 Français sur 3 aurait d’ailleurs déjà fait appel à un psy.

Seulement, il n’est pas facile de se repérer parmi la multitude de professionnels qui se cachent derrière cette étiquette de « psy ». “En fonction de ses attentes et de ses symptômes, il est primordial de se renseigner sur la spécialisation de son interlocuteur et sur les modalités du suivi”, préconise Mélanie Gauché***, présidente de la Commission Nationale Consultative de Déontologie des Psychologues (CNCDP).

Les “psys” dont le titre est reconnu par l’État

Au sein de la grande famille des psys, il y a d’abord et avant tout ceux qui bénéficient d’une formation reconnue par la loi.

  • Les psychiatres

Les psychiatres sont avant tout  des médecins, spécialisés dans le traitement des maladies mentales. “Ils sont les seuls à pouvoir traiter les troubles psychiatriques lourds comme les psychoses, la schizophrénie, la bipolarité ou la dépression chronique”, explique Mickaël Benyamin. “En tant que médecins, ils sont les seuls habilités à prescrire des psychotropes – à savoir anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères et autres neuroleptiques”, précise-t-il en ajoutant que lorsque la situation l’exige, ils sont aussi en mesure de proposer ou d’imposer une hospitalisation dans un centre spécialisé. Autre particularité – et pas des moindres d’après Mélanie Gauché  : “leurs consultations sont remboursées par la sécurité sociale”.

Outre les pathologies psychiatriques et les cas de dépression sévères qui nécessitent la prise de médicaments, certains psychiatres complètent leur formation par des stages en instituts privés. “Auquel cas, ils peuvent proposer – en plus – des thérapies psychanalytiques ou des psychothérapies”, spécifie Mickaël Benyamin.

  • Les psychologues

Le titre de psychologue est protégé et reconnu par la loi depuis 1985. Titulaires d’un Master 2 de psychologie, ils ne sont pas médecins, mais “spécialistes de l’étude du comportement humain et de son fonctionnement psychique”, détaille Mickaël Benyamin. Ils ne prescrivent donc pas de médicaments et leurs séances ne sont pas remboursées. En fonction du patient et des méthodes de travail du psychologue, le suivi peut s’étendre de quelques mois à plusieurs années.

Il est possible de consulter seul, en couple ou en famille en fonction des problématiques : “chaque psychologue est spécialisé dans un domaine bien précis”, insiste Mélanie Gauché. “Il existe des psychologues cliniciens qui travaillent en hôpitaux et sont spécialisés dans la prise en charge thérapeutique des patients, des psychologues spécialistes des troubles neurodégénératifs, des psychologues pour enfants ou adolescents, des psychologues du travail, des psychologues scolaires et bien d’autres”, énumère-t-elle.

Qu’ils exercent en libéral ou en institution, “les psychologues sont habilités à faire passer divers tests de personnalité, de développement neuropsychologiques, ou encore des test de Q.I. », explique Michaël Benyamin qui ajoute que comme les psychiatres, ils peuvent être également formés à la psychanalyse ou à la psychothérapie pour proposer des thérapies de soutien ou des thérapies cognitivo-comportementales à leurs patients.

  • Les psychothérapeutes

Le terme de psychothérapeute est peut-être le plus difficile à introduire. Très galvaudé, “il a longtemps été utilisé sans que l’on puisse avoir de visibilité sur les pratiques qu’il englobait”, rappelle Mélanie Gauché. Depuis 2010, ce titre est reconnu par la loi – mais l’exercice de la psychothérapie, lui, n’est pas encadré. “Aujourd’hui, le titre de psychothérapeute est réservé aux psychiatres et aux psychologues qui ont suivi une formation complémentaire en psychothérapie”, détaille Jean-Luc Colia****, vice-président de la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse (FF2P). Les “anciens psychothérapeutes” pouvant justifier de cinq années d’exercice peuvent aussi déposer une demande de titre devant une commission d’agrément.

“L’objectif d’une psychothérapie est de traiter les troubles psychologiques, sociaux-affectifs ou encore psychosomatiques”, indique Mickaël Benyamin. Concrètement, elles permettent d’accompagner un suivi médical en traitant par exemple l’anxiété, certaines phobies et certains TOCS ou encore parfois, les problématiques d’anorexie ou de boulimie. Dans d’autres cas, elles ont aussi vocation à soulager les troubles comme la timidité, le manque d’estime de soi ou les problèmes de stress.

Il existe des psychothérapies comportementales, verbales, psychanalytiques, ou corporelles enseignées en instituts de formation privés. Par ailleurs, il est conseillé d’avoir expérimenté soi-même les thérapies dans lesquelles on se spécialise.

Les “psys” dont la profession n’est pas réglementée

Il existe d’autres catégories de “psys” qui exercent sous couvert de titres en apparence sérieux mais pas encore réglementés par la loi. C’est pourquoi il convient d’être vigilant avant d’approcher un spécialiste qui, même bien intentionné, peut faire plus de mal que de bien s’il n’est pas suffisamment formé.

  • Les psychopraticiens

Comme évoqué plus tôt, le décret de 2010 n’encadre pas l’exercice de la psychothérapie, mais simplement le titre de psychothérapeute. Aussi, les “anciens psychothérapeutes” – ne pouvant plus se revendiquer comme tels – mais dont la formation touche à la psychothérapie exercent aujourd’hui sous le titre de psychopraticien. “Il ne s’agit pas d’un titre reconnu par l’Etat, mais bien de la dénomination d’une activité professionnelle”, précise Jean-Luc Colia. Ce dernier définit les psychopraticiens comme “des professionnels de la relation d’aide dans un champ de la psychothérapie”.

Selon la FF2P, pour être considéré comme psychopraticien : un professionnel doit avoir étudié cinq années dans une école qui enseigne une méthode psychothérapeutique reconnue par l’Association européenne de psychothérapie (EAP) – comme la Gestalt-thérapie, l’analyse transactionnelle, l’hypnothérapie, la sophrothérapie, la programmation neuro-linguistique ou les approches psychocorporelles. Il peut aussi justifier d’une formation en psychopathologie et d’une thérapie personnelle. Autant de facteurs, conjugués à un travail de supervision obligatoire qui garantissent le professionnalisme et l’éthique d’un psychopraticien.

Toutefois, il faut insister sur le fait que ce titre est à usage libre, ce qui entretient le flou autour de la profession. Tous les psychopraticiens ne suivent pas ces règles déontologiques. Jean-Luc Colia reconnaît lui-même que si les fédérations comme la FF2P travaillent pour la reconnaissance légale de ce titre « afin d’éviter les dérives engendrées par l’ouverture du métier à n’importe qui », il est à ce jour impossible de contrôler les personnes qui se disent psychopraticiens. “L’important donc c’est de vérifier la formation du professionnel”, insiste-t-il.

  • Les psychanalystes

Comme l’explique Mélanie Gauché, le titre de psychanalyste n’est pas reconnu officiellement par la loi et leur activité n’est pas encadrée. “Les psychanalystes ne suivent pas de formation universitaire, mais sont formés dans des écoles privées inspirées des théories freudiennes ou lacaniennes”, développe l’experte. Prudence donc. Avant de se livrer, mieux vaut se renseigner sur les qualifications de son interlocuteur, car “on peut tomber sur des personnes qui jouent à être psychanalystes”, déplore Mickaël Benyamin.

La psychanalyse est basée sur l’écoute du patient : “il s’agit, par la parole, de faire le point sur son parcours, son histoire, celle de sa famille, pour être en phase avec soi-même”, détaille Michaël Benyamin. Cependant, comme le souligne Mélanie Gauché, il faut bien avoir conscience que ce travail psychanalytique s’effectue sur le très long terme et n’est pas adapté à tous.

En général, les psychanalystes ont eux-même suivi une cure analytique supervisée par un pair expérimenté. Pour intégrer leurs formations, ils doivent justifier d’une expérience pratique conséquente, complétée ensuite par des séminaires théoriques. “C’est pour cela que la plupart des psychanalystes sont généralement soit psychiatres, soit psychologues”, tempère la spécialiste.

De l’importance de l’alliance thérapeutique

Quel que soit le spécialiste qu’on sollicite, il faut garder en tête que le premier rendez-vous n’engage en rien. “Il arrive que le contact ne se noue qu’au bout de 2 ou 3 consultations. Il faut laisser le temps à l’alliance thérapeutique de s’établir”, rassure Mickaël Benyamin. Comme le confirme Mélanie Gauché, il s’agit avant tout d’une rencontre et les sensibilités humaines doivent s’accorder. Quoi qu’il en soit, le choix de l’interlocuteur est fondamental pour la réussite d’un suivi. Sans tomber dans le nomadisme, “ si vous ne vous sentez pas tout à fait à l’aise, n’hésitez pas à consulter un autre professionnel”, recommande-t-elle.

Où trouver un bon psy ?

Pour trouver un bon psychothérapeute, psychiatre ou psychologue, le gage de sérieux indispensable est l’inscription sur une liste ADELI qui répertorie tous les professionnels agréés auprès de l’Agence Régionale de Santé (ARS).

Pour trouver un bon psychopraticien, Jean-Luc Colia recommande de consulter l’annuaire des spécialistes répertoriés par la FF2P sur le site http://www.ff2p.fr.

Plus généralement, il est possible de demander conseil à son médecin traitant, aux hôpitaux, aux services institutionnels – comme les centres médico-pédagogiques (CMP) et les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) – ou à des groupements de professionnels. “Les psys travaillent en réseau”, rappelle Jean-Luc Colia. On peut donc faire confiance un à professionnel de santé qui nous adresse à un collaborateur.

* Mickaël Benyamin – Maître de conférences à l’Université Paris-Diderot, psychologue clinicien et psychanalyste spécialisé dans l’accompagnement d’adolescents, auteur de “Choisir son psy” paru en 2006 aux éditions Déclics

**Sondage réalisé par la société YouGov pour le magazine Psychologie et publié en juin 2017

*** Mélanie Gauché – Psychologue, maître de conférences et présidente de la Commission Nationale Consultative de Déontologie des Psychologues

**** Jean-Luc Colia – Vice président de la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse (FF2P). Co-directeur de “Ma bible de la psychothérapie » publié en octobre 2018 aux éditions Leduc.s

Guide pratique : L’exercice libéral de la psychologie (Edition 2018)

Une édition du SNP, Syndicat National des Psychologues.

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 » Le Guide pratique « L’exercice libéral de la psychologie » a été réédité.

A jour sur la question du cumul, le statut de micro-entrepreneur, l’accessibilité, etc.

Il s’adresse à tous les psychologues qui cherchent à s’installer en libéral ou se posent juste la question. Il vous permettra de faire le point sur toutes les démarches et obligations ! « 

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