Vient de (re)paraître : « Les couleurs de l’inceste, Se déprendre du maternel » par Jean-Pierre Lebrun

Un ouvrage nécessaire, qui contribue pour s’outiller à penser les terreaux que l’époque sème et les fruits qu’elle en récolte. « Nous avancerions volontiers que là où, dans le système patriarcal, la consistance voisinait avec l’imposture pour se rendre maître du vide, du vice de structure, autrement dit pour maîtriser le réel, le système actuel, puisqu’il ne dispose plus de la légitimité de l’autorité ni de celle de la différence des places, n’a d’autre issue que de vouloir faire disparaître le réel, de l’escamoter. (…) Pour le dire en un seul mot : c’est l’égalitariat qui s’est substitué au patriarcat. (…) Ce qui est ainsi manqué, et qui devrait pourtant être un enjeu, c’est, si l’on nous permet ce néologisme, l’altéritariat. » (p141).

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Par cette réédition en poche chez érès (poche – psychanalyse © 2023, 11×18 368 p. 17 €) du livre paru en 2013 chez Denoël, Jean-Pierre Lebrun continue d’alerter sur les conséquences de l’évolution sociétale.

« Nous vivons une crise de l’humanisation à la racine bifide : l’emprise croissante de l’idéologie néolibérale d’une part, la course à l’illimité, dans une société des revendications égalitaristes dont Tocqueville a dessiné le modèle, d’autre part. Des mutations sociologiques et un nouveau discours social accompagnent cette crise dont la délégitimation des autorités est à la fois le symptôme et le moteur. De ce fait, dans une société qui refuse la prévalence et l’idée d’exception, qui annule la logique symbolique des places, qui combat les interdits, il est de plus en plus difficile aux enfants d’entrer dans l’humanité.

Une telle société, sur les ruines du patriarcat, n’est pas un matriarcat ; elle est autre chose : la société du maternel. L’impossibilité de se décoller du maternel définit l’inceste. Du coup notre société dans laquelle les limites et les interdits sont devenus flous, se colore d’un caractère incestueux.

C’est à partir de ce constat que Lebrun analyse le mal dont nous souffrons, le mal du sujet engendrant le mal social.

Ceux qui rejettent Freud et Lacan dans les poubelles de l’histoire ont décidément bien tort.

Ce livre démontre leur extraordinaire fécondité intellectuelle en matière de critique sociale et politique. » » Robert Redeker

Jean-Pierre Lebrun est psychiatre et psychanalyste, vice-président de l’Association lacanienne internationale. A travers ses publications, il alerte sur les conséquences de l’évolution sociétale qui délégitime toutes les figures d’autorité et ne permet plus d’intégrer ce qu’exige la condition d’être parlant. Auteur d’Un monde sans limite,érès, 1997, traduit en espagnol et portugais ; Les désarrois nouveaux du sujet,érès, 2001 – Avons-nous encore besoin d’un tiers ?,érès, 2006 ; L’homme sans gravité, entretiens avec Charles Melman, Denoël, 2003 et Folio, 2006, (traduit en espagnol et portugais) et La perversion ordinaire, Denoël, 2007. Il a également écrit de nombreux articles parus dans des revues scientifiques ou d’intérêt général, dont plusieurs ont été traduits en italien, allemand, portugais, espagnol et anglais.

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