« Un mal d’enfance, De la dépendance maternelle à l’infantilisme social » par Laura Pigozzi aux éditions érès

Cet ouvrage est paru en janvier 2023 aux éditions érès. Son intérêt, à mes yeux, réside d’une dans la proposition de la notion de « plusmaternel » que Laura Pigozzi, psychanalyste, a forgé et qu’elle définit ainsi : « Nous appelons plusmaternel la forme sous laquelle une relation symbiotique se substitue à la fonction symbolique maternelle, où une limite est remplacée par la loi arbitraire de la chair. » (« Mon enfant m’adore », érès, 2018). J’apprécie d’autre part la proposition que l’auteur fait pour penser le tissage, aujourd’hui, entre sujet et collectif. Je vous laisse découvrir la suite ci-dessous.

Un mal d’enfance

De la dépendance maternelle à l’infantilisme social

Traduit par Patrick FAUGERAS

Laura Pigozzi montre comment l’échec de la famille est la racine d’une tragédie sociale plus vaste et férocement destructrice, comment la dépendance maternelle crée des adultes infantiles, de très mauvais citoyens voire d’authentiques dictateurs.

Un nouveau genre de citoyenneté, jusque-là moins visible, est aujourd’hui mis en lumière : le « citoyen-enfant », celui qui a peu de lien avec le collectif, aucun respect pour l’autre, ne connaît pas les règles de la négociation sinon la superbe disparité entre lui et les autres. Les parents ont renoncé au rôle de guide pour devenir des protecteurs inconditionnels de leurs enfants : c’est le plusmaternel qui suspend le moment de la responsabilité.

Or c’est dans les familles que les enfants devraient s’entraîner à trouver l’élan vers le monde, en devenant adultes. Rater cette transformation les condamne à une éternelle enfance, ce qui ouvre la porte non seulement aux enfants tyrans mais aussi aux dictateurs véritables. Cette crise de l’humanisation des enfants touche l’ensemble de la société car le social se construit déjà dans la famille.

Laura Pigozzi offre un plaidoyer pour l’avenir de nos enfants, pour que nous ne les angoissions pas avec nos propres peurs et les laissions sortir de la sphère utérine. Dans une relecture inédite des origines du totalitarisme, elle les invite à apprendre à désobéir à la mère infantilisante et à construire la polis.

Laura Pigozzi montre comment l’échec de la famille est la racine d’une tragédie sociale plus vaste et férocement destructrice, comment la dépendance maternelle crée des adultes infantiles, de très mauvais citoyens voire d’authentiques dictateurs. La pandémie a mis en exergue un nouveau genre de citoyenneté, jusque-là moins visible : le « citoyen-enfant », celui qui a peu de lien avec le collectif, aucun respect pour l’autre, ne connaît pas les règles de la négociation sinon la superbe disparité entre lui et les autres. Les parents ont renoncé au rôle de guide pour devenir des protecteurs inconditionnels de leurs enfants : c’est le plusmaternel qui suspend le moment de la responsabilité. Ainsi la famille, à l’origine de la civilisation, semble aujourd’hui ne plus assurer l’humanisation des enfants élevés en son sein. C’est une crise qui touche l’ensemble de la société car le social se construit déjà au sein de la famille. La génération qui a contesté élève des enfants et petits-enfants dociles, prêts à l’assujettissement. Que s’est-il passé ? Laura Pigozzi offre un plaidoyer pour l’avenir de nos enfants, pour que nous ne les angoissions pas avec nos propres peurs. Laissons-les partir hors de la sphère utérine. Car la subjectivité n’est pas qu’une affaire intime, elle ne peut exister qu’à travers le lien collectif : le reconnaître est déjà une révolution.

SFAP : analyse de l’expérience autrichienne, webconférence 22 mars 2023

La Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs SFAP organise une web conférence gratuite sur une analyse de l’expérience autrichienne avec la participation en français de la Société Autrichienne de Soins Palliatifs, suivi d’un temps consacré à la convention citoyenne dont les conclusions interviendront dans les semaines à venir.

Inscriptions pour recevoir le lien zoom : cliquez ICI.

« Tissons les liens » : portes ouvertes au Pôle Santé Universitaire de Lanmeur

Nous sommes tous « parent de, enfant de, frère, sœur, tante, nièce, parrain, oncle, neveu, cousin, grands-parents » … : la parentalité nous concerne et nous touche tous.

Or, familles, parents, enfants, personnes âgées…, nous retrouvons parfois isolés.

Face à ce constat, le Pôle Santé Universitaire (PSU) de Lanmeur, l’association Parentel, l’association Luska et l’Ulamir-CPIE vous proposent une après-midi de rencontres ouverte à toutes et à tous.

Vous êtes bienvenus aux portes ouvertes « Parentalité » le samedi 1er avril de 14h à 17h au RdC du PSU.

Accueil tout l’après-midi – Ateliers gratuits à 14h, 15h et 16h : sieste musicale, alimentation, jeux – Entrée libre.

Séminaire « Compétences pour appliquer la théorie du champ en pratique clinique » par Jan Roubal @ l’EPG

Honneur et plaisir d’avoir été sollicitée par l’Ecole Parisienne de Gestalt EPG pour assurer la traduction de ce séminaire animé par mon collègue Jan Roubal, et qui aura lieu les 6-7-8 avril prochain, sur un des fondamentaux du modèle théorique de la gestalt-thérapie, la théorie du champ.

DESCRIPTION

La relation est considérée comme étant la puissance formatrice de la situation, un processus central qui définit la participation continue – et en perpétuel changement – à la situation, de ses participants.

La perspective de champ considère les participants comme étant fonction de la situation, comme des processus formés par le flux de la situation. On peut voir ceci comme l’apparition d’un nouveau paradigme, pour un changement en psychothérapie, qui n’est créé ni par le thérapeute, ni par la co-création dialogale, le changement étant plutôt vu comme un processus avec sa propre dynamique, qui transcende les participants à la situation.

Le stage accompagnera des thérapeutes dans l’exploration de « comment être avec leurs clients d’une façon performante », nous explorerons comment bien « nous soumettre » à chaque situation spécifique, avec chaque client individuel et comment éviter de faire obstacle au processus de changement.

Nous regarderons les compétences requises pour moduler notre propre présence, il s’agit d’une série d’étapes qui décrivent comment les thérapeutes peuvent travailler sur eux-mêmes, dans le court moment entre l’expérience de ce qui émerge en présence du client, et l’intervention active dirigée vers le client.

Ces compétences pour moduler la présence du thérapeute présentent une utilisation pratique de la théorie du champ qui peut être appliquée dans le travail clinique.

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OBJECTIFS

• Approfondir la compréhension de la théorie de la perspective de champ, dans sa nature processuelle, reconnaissable au travers des expériences propres du thérapeute. 
• Se familiariser avec plusieurs interventions cliniques, pratiquées en dehors de l’EPG, d’après les choix théoriques faits par le praticien.
• Spécifier et s’approprier les éléments constitutifs de cette perspective, en terme de la façon d’être présent du thérapeute dans la situation thérapeutique.

Jan Roubal

Professeur associé à l’Université Masaryk de Brno, en République tchèque, où il travaille également au Centre de recherche sur la psychothérapie.
Psychothérapeute et psychiatre, il a fondé et dirige la formation en intégration de psychothérapie et la formation Gestalt Studia en République tchèque.

Formateur en psychothérapie et superviseur au niveau international. Il préside le comité de recherche de l’EAGT.

Il a co-édité trois livres « Current Psychotherapy », « Gestalt Therapy in Clinical Practice ». De la psychopathologie à l’esthétique du contact » et « Vers une tradition de recherche en thérapie de la Gestalt ».

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PUBLIC VISÉ

• Gestalt-thérapeutes

• Thérapeutes confirmés déjà sensibilisés à la Gestalt

• Étudiants en cycle 3 ayant validé les modules obligatoires de la formule à la carte ou une formule structurée et pouvant justifier d’au moins 1 an de pratique thérapeutique

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LIEU

École Parisienne de Gestalt

29 Rue de l’Espérance 

75013 PARIS

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INFORMATIONS & INSCRIPTIONS

Katherine Menudier: katherine.menudier@epg-gestalt.fr – Tél. 01 43 22 71 58

Colloque « Sexualités de l’enfant et de l’adolescent : quoi de neuf ? » par les éditions érès

via les éditions érès, original ici.

Enfances & Psy propose d’explorer sous forme de débats ce qui émerge comme formes nouvelles de la sexualité des enfants et des adolescents et les nouvelles façons de penser ces questions.
Le colloque rassemblera des praticiens de terrain et des associations, des philosophes et des chercheurs pour aborder des notions de consentement, d’identité sexuée et de désir sexuel, de risques et d’éducation à la sexualité.

–  Revisiter le concept de sexualité et sa place dans le développement de l’enfant et de l’adolescent

– Définir la place du genre dans le développement de l’identité

– Eclairer la notion de consentement dans les relations sexuelles

– Comprendre les effets du numériques dans la découverte de la sexualité à l’adolescence (place de la pornographie, risque de prostitution, exposition de l’intime)

– Tenter de dégager des principes d’éducation sexuelle

« L’homme ? Un être à consoler sans modération », interview de Michaël Foessel

Un très bel interview du philosophe Michaël Foessel, plein de délicatesse et finesse, sur la question de la consolation et qui ouvre sur celle de l’acceptation de nos manques et pertes. Le travail psychothérapeutique et ma posture professionnelle tels que je les conçois, que je suis heureuse d’avoir découverts et continue à explorer, sont à cet endroit-là. Un extrait de l’interview autour de ce magnifique terme d’ « antirésilience » : « L’injonction au « travail de deuil » est révélatrice : comme s’il fallait conjurer la perte par une activité de tous les instants. Parce qu’elle reconnaît la perte, la consolation, c’est l’antirésilience. Elle s’oppose à l’idée selon laquelle n’importe quel trauma pourrait être dépassé par le retour de l’organisme à ses propriétés initiales. L’impératif de la résilience est une restauration du passé, comme si rien n’avait changé après le deuil ou le chagrin. Comme si le choc de la perte n’était pas un événement qui transforme le sujet… L’inconsolé, lui, est constitué par sa perte ; il reconnaît que quelque chose a disparu et que cette chose lui manque. Il a conscience qu’il ne retrouvera pas l’ordre ancien et qu’il ne doit pas chercher à le retrouver. C’est parce que nous acceptons d’être constitués par nos pertes passées que nous pouvons nous ouvrir à l’avenir. » C’est parce que nous acceptons d’être constitués par nos pertes passées que nous pouvons nous ouvrir à l’avenir.

Interview par Juliette Cerf, publié dans Télérama le 8/10/2015 et mis à jour le 8/12/2020. Original ici.

Pour Michaël Foessel, le chagrin et sa consolation font tenir les hommes ensemble. Car être consolé, c’est sortir de soi et accepter de s’ouvrir à la parole de l’autre.

Qui a déjà tenté de prendre quelqu’un en larmes dans ses bras le sait bien : la consolation est l’un des gestes les plus émouvants qui soient. Fragile et maladroite quand elle éclot, mais puissante et réconfortante quand elle distille son philtre. C’est cette étrange alchimie que décrypte le philosophe Michaël Foessel dans son nouveau livre, Le Temps de la consolation. Du temps et du tact, il en faut au consolateur, qui ne doit s’immiscer ni trop tôt, ni trop tard dans le chagrin du malheureux, pour créer un après, ouvrir une nouvelle séquence, plus douce. Le temps de la consolation désigne aussi notre époque contemporaine traversée par mille blessures et afflictions, autant de pertes dont nous avons du mal à nous remettre. Faut-il d’ailleurs s’en consoler ?

Selon vous, la philosophie moderne a abandonné le projet de consoler. Pourquoi ?
Dès son origine, la philosophie est liée à la consolation ; elle est née de la mort de Socrate et du fait que Platon a eu le souci de nous en consoler. Cette tradition marque fortement les premiers siècles de la philosophie, notam­ment chez les stoïciens, et culmine au VIe siècle avec Boèce et sa Consolation de la philosophie — dans laquelle la déesse Philosophie en personne vient consoler les angoisses d’un homme ­injustement condamné à mort. Mais progressivement la philosophie a abandonné la consolation à la religion et à la psychologie. Ce qui s’est modifié, je crois, c’est le rapport à la vérité : la modernité a perdu la croyance selon laquelle la vérité rendrait heureux ou, au moins, apporterait un réconfort au malheur. A partir de Descartes, la philosophie s’est beaucoup inspirée des sciences et a sacrifié le projet de con­solation à l’exigence de démonstration. Nous sommes passés, comme le disait Foucault, des « savoirs de spiritualité » aux « savoirs de ­connaissance » : les premiers apprenaient aux hommes à vivre, les seconds ne fournissent plus que des vérités objectives.

“La philosophie est un effort de lucidité, qui vise moins à guérir qu’à éclairer ce que nous avons perdu.”

Pourtant, les livres de philosophie promettant le bonheur n’ont jamais été aussi nombreux…
Il s’agit d’un phénomène commercial. Ce qui manque à tous ces livres qui prétendent nous consoler et nous rendre heureux, c’est une réflexion sur la nature de la perte qui occasionne la souffrance. La consolation répond en effet toujours à un besoin qui s’exprime à l’égard d’une perte : perte d’un amour, d’un proche, d’un idéal politique, d’une réputation sociale, etc. Je soutiens que la consolation est un concept philosophique à part entière, mais ne prétends pas pour autant que la philosophie console de quoi que ce soit. La philosophie est un effort de lucidité, une réflexion sur nos chagrins, nos tristesses qui vise moins à guérir qu’à éclairer ce que nous avons perdu. Cet exercice de pensée passe par un approfondissement, une exploration de la douleur plutôt que par sa résorption ou son évacuation.

Quel rôle le consolateur peut-il jouer vis-à-vis du malheureux ?
Le consolateur, à la différence du magicien ou du médecin, ne guérit pas l’affligé ; il ne ramène pas l’objet de la perte. Cette perte, il ne la partage d’ailleurs pas, il n’est pas directement affecté par elle. Mais, s’il ne vit pas la douleur de l’autre, il n’y reste pas non plus insensible… Le mauvais consolateur est celui qui nie que quelque chose se soit passé, qui dit : « ce n’est rien, tu n’as rien perdu » ou « un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s ». Le bon conso­lateur, lui, est capable de réorienter le ­regard de l’affligé. Il réplique, offre une parole, un geste, un acte, un supplément. Il propose quelque chose à la place de l’objet perdu, ce que dit bien l’expression de « lot de consolation ». Il en existe une autre, révélatrice : « con­soler son café », c’est-à-dire y ajouter de l’alcool ! On passe ainsi de l’amertume du café à l’espoir d’une ivresse… Pensons à une personne en larmes que le consolateur parvient finalement à faire rire. Cela ne veut pas dire que la cause des pleurs a disparu ni que les larmes ne reviendront pas, mais qu’un passage, une transition vers l’après sont praticables. J’ai essayé de penser la consolation positivement, en ce qu’elle nous permet d’éviter la mélancolie, le discours du nihiliste : « Je ne veux rien d’autre que ce que j’ai perdu »…

Mais l’homme moderne, pour vous, reste un inconsolé. Cela n’est pas très positif !
Il ne faut pas confondre l’inconsolé et l’inconsolable. Alors que l’inconsolé accepte la consolation et l’idée de ne pas rester complètement figé dans son deuil, l’inconsolable oppose un non catégorique à toutes les formes de « substituts » qu’on lui offre. Les intermèdes de mon livre sont consacrés à quelques figures inconsolables de la littérature, telles Antigone, Electre ou Niobé. Pour ces femmes sublimes et orgueilleuses, la consolation serait une trahison (du frère, du père ou des enfants disparus). Mais, au-delà de la littérature, que peut-on fonder sur cet orgueil ? C’est une position improductive qui se ferme à l’expérience, au temps et à l’avenir. L’inconsolé, en revanche, n’est pas réconcilié dans le sens où il sait bien qu’il ne retrouvera pas l’objet de sa perte, mais il est tout de même en quête, à la recherche d’une altérité. Plutôt que de suivre, comme Antigone, le mort dans sa tombe, l’inconsolé choisit la vie sans nier la perte.

“C’est parce que nous acceptons d’être constitués par nos pertes passées que nous pouvons nous ouvrir à l’avenir”

Le chagrin de l’inconsolé serait même subversif selon vous. En quel sens ?
Je critique la manière dont les sociétés contemporaines envisagent la tristesse à la manière d’un objet de management. On n’a jamais autant parlé de fragilité, de vulnérabilité, mais on ne nous a par ailleurs jamais autant enjoints d’être actifs, réconciliés avec la vie, productifs. L’injonction au « travail de deuil » est révélatrice : comme s’il fallait conjurer la perte par une activité de tous les instants. Parce qu’elle reconnaît la perte, la consolation, c’est l’antirésilience. Elle s’oppose à l’idée selon laquelle n’importe quel trauma pourrait être dépassé par le retour de l’organisme à ses propriétés initiales. L’impératif de la résilience est une restauration du passé, comme si rien n’avait changé après le deuil ou le chagrin. Comme si le choc de la perte n’était pas un événement qui transforme le sujet… L’inconsolé, lui, est constitué par sa perte ; il reconnaît que quelque chose a disparu et que cette chose lui manque. Il a conscience qu’il ne retrouvera pas l’ordre ancien et qu’il ne doit pas chercher à le retrouver. C’est parce que nous acceptons d’être constitués par nos pertes passées que nous pouvons nous ouvrir à l’avenir.

Que pourrait être alors une politique de la consolation ?
Les progressistes ont beaucoup perdu ces dernières décennies : l’idéal révolutionnaire, les Trente Glorieuses, l’Etat providence… Cela est sans doute vrai du point de vue des faits, mais ­cela ne veut pas dire qu’il faille ­balayer ce que ces idéaux de justice, même ­dévoyés, continuent à symboliser. Reconnaître la perte, je le répète, c’est pouvoir inventer autre chose. Si la con­solation ne fait pas programme, elle est donc un préalable à toute ­réflexion politique. Elle commence par affirmer que le présent n’est pas un verdict, c’est-à-dire que le principe de réalité, au nom duquel on justifie tous les renoncements sociaux, ne constitue pas un argument. L’écoute du chagrin est une manière de résister à ce que ce « réalisme » comporte de violent. Une façon d’échapper au double écueil du management néolibéral et de la mélancolie réactionnaire. De lutter contre tous les « satisfaits » qui célèbrent le présent parce qu’il leur est favorable et contre tous les nostalgiques qui regrettent la grandeur d’un passé fantasmé.

Peut-on se consoler soi-même ?
Une consolation, quelle qu’elle soit, implique de sortir de la contemplation de soi pour s’ouvrir à la parole d’un autre. Consoler, c’est toujours être avec. C’est une voie d’entrée dans la question de la communauté, de la solidarité. Ce livre montre que les chagrins sont aussi ce qui fait tenir les hommes ensemble. Bien sûr, on peut « se » consoler en regardant une oeuvre d’art, en récitant des poèmes, en provoquant un dialogue avec soi… Il y a mille manières de se consoler, mille objets consolants, « transitionnels » comme le disent les psychanalystes. Mais, à chaque fois, il faut accepter de briser le rapport solitaire à soi.

“L’art est un vecteur de consolation parce qu’il amène du sens, une sensualité même au lieu de la perte”

La culture est-elle l’un de ces objets transitionnels ?
Sans aucun doute. L’art est un vecteur de consolation parce qu’il amène du sens, une sensualité même au lieu de la perte. Ce n’est d’ailleurs pas seulement le spectateur qui se tourne vers l’art pour se consoler d’un monde désenchanté : le créateur ne créerait pas s’il n’avait pas le sentiment que quelque chose lui manque. L’artiste, ainsi, ne désire pas la fin de la douleur, plutôt son déplacement dans une oeuvre. Il ajoute un sens au monde, donc voit que quelque chose y manque. C’est exactement le geste de consolation.

Le consolateur serait un poète plutôt qu’un homme politique ?
La parole du consolateur est ­poétique au sens où il est obligé d’inventer des mots, des gestes qui déplacent le ­regard de l’autre. « A se regarder on se désole, à se comparer on se console », dit l’adage. Dans les traités classiques de consolation, la métaphore est la ­figure de style la plus utilisée. Elle permet de voir les choses autrement : « la vieil­lesse » comme si elle était « le soir de la vie », par exemple. Or que font une mère ou un père quand ils consolent leur enfant qui vient de tomber dans la rue ? Ils lui montrent autre chose, ­racontent une histoire, lui font percevoir un bout de paysage à droite ou à gauche. En résumé, ils réorientent le regard de leur enfant. C’est cela, l’ac­tivité métaphorique : voir autrement. La consolation demande beaucoup de tact, d’art, de précautions : il faut utiliser les bonnes images, initier les gestes adéquats sans blesser. C’est devenu plus difficile pour l’homme contem­porain, qui ne dispose plus de cer­titudes sur Dieu ou l’immortalité de l’âme. Dans cette incertitude se loge l’aventure moderne en ce qu’elle a de politiquement, d’éthiquement ou même d’affectivement passionnant.

MICHAEL FOESSEL EN QUELQUES DATES
1974 Naissance à Thionville.
2002 Soutient sa thèse sur Kant.
2008 La Privation de l’intime.
2012 Après la fin du monde.
2013 Enseigne à l’Ecole polytechnique.

A lire : Le Temps de la consolation, de Michaël Foessel, éd. du Seuil, 288 p., 21 €.

14è conférence de l’EAGT @ Madrid, 21-24 sept 2023

L’association européenne de gestalt-thérapie EAGT European Association or Gestalt Therapy

organise sa 14è conférence, triennale,

les 21 – 24 septembre 2023 à Madrid.

Programme, inscriptions et propositions d’interventions => suivre le lien ici !

Lundi d’érès : soirée spéciale le 9 janvier 2023 !

Je profite depuis deux ans avec saveur des propositions de formation qualitatives des éditions érès, qui se sont développées en distanciel et permettent d’accéder à des intervenants et leurs pensée que sinon je n’aurais pas pu me permettre. Pour ces temps plus courts : « Les lundis d’érès », je signale avec une mention spéciale l’intervention de Jean-Pierre Lebrun, dont j’apprécie l’articulation sans relâche et avec une grande perspicacité et originalité entre sujet et société / collectifs. A ne pas manquer !

Les éditions érès continuent « Les lundis d’érès », le  rendez-vous d’échanges et de débats avec nos auteurs·trices et l’actualité 
en visio sur Zoom, GRATUIT et accessible à tou·te·s

Nous avons le plaisir de vous inviter à la première soirée de 2023 qui se déroulera 

Le lundi 9 janvier 2023 
en visio sur ZOOM 
de 18h à 20h30, en deux temps
 

Au programme : 

de 18h à 19h : premier rendez-vous « Les jeunes en questions » 

avec Julien Cueille, professeur agrégé en philosophie, psychanalyste, auteur de l’ouvrage
Mangas, sagas, séries, les nouveaux mythes adolescents 
Devenir sois-même par la fiction
(en savoir plus)

& David Le Breton, sociologue, auteur de 
Les jeunes au volant
(en savoir plus)
 

De 19h30 à 20h30 : deuxième rendez-vous avec Jean-Pierre Lebrun, psychiatre et psychanalyste, à l’occasion de la parution de 

Je préférerais pas
Grandir est-il encore à l’ordre du jour ?
(en savoir plus)

Le « Je préférerais pas » du Bartleby de Melville n’est-il pas en train de se généraliser dans notre société ? Ne nous sommes-nous pas progressivement autorisés à refuser la limite, à rejeter la contrainte, toutes deux étant aujourd’hui « ressenties » comme des atteintes au développement de notre individualité ?

Inscription gratuite mais obligatoire pour la séance de 18h, ou de 19h30 
ou les 2 via ce lien

Une fois inscrit·e, vous recevrez le lien de connexion par mail le 9 janvier 2023 dans la journée (merci de vérifier vos courriers indésirables).

Renseignements : eres@editions-eres.com – 05 61 75 15 76

Meilleurs Voeux pour 2023

Nous avons plutôt l’habitude de formuler nos voeux pour la nouvelle année de manière précise : santé, bonheur, travail, amour, et que sais-je encore…, à nous -mêmes et aux autres. Toutefois, et j’imagine que nous en avons tous déjà fait l’expérience, les années passées et leurs voeux n’ont pas toujours trouvé exaucement, et peut-être, quelle que soit la sincérité que nous y mettons, dans un coin de notre tête nous disons-nous que leur réalisation est plus qu’incertaine, suspendue au cours des évènements à venir, tout en espérant peut-être secrètement quand même qu’ils se réalisent.

Et si nous considérions ce temps des voeux plutôt comme un moment où nous dirigeons notre attention sur une décision à tenir, un engagement : cultiver notre ouverture aux possibles à venir ? Et nourrir ainsi notre mouvement de curiosité et d’ouverture vers nous-même, les autres, le monde, encore et toujours, sans relâche.

Bonne année !

Trestraou, Perros-Guirec (22), décembre 2022.

Replay – Tobie Nathan aux Jeudis de l’EPG

J’ai eu grand plaisir à recevoir Tobie Nathan jeudi 15 décembre 2022 dans le cadre des #jeudisdelepg organisés une fois par mois par EPG Ecole Parisienne de Gestalt.


Nous avons parlé secrets de therapeute, ethnopsychiatrie, filiations et affiliations, langues et langage, maîtres et dieux…, à partir du livre « Secrets de thérapeute » paru aux éditions L’Iconoclaste en 2021.

Le replay de ce webinar qui a eu lieu le 15 décembre 2022 et qui dure 1h30 est disponible ici :

https://www.epg-gestalt.fr/stages-cursus/jeudis-epg_22JEU10

Bon visionage !


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