« Mindfulness : des recherches dans le flou… »

Ci-dessous un article paru dans « Le Cercle Psy » reproduit dans son intégralité :

Mindfulness : des recherches dans le flou… par Audrey Minart – Article modifié le

Améliorer la recherche sur la méditation de pleine conscience : c’est ce que recommandent plusieurs chercheurs américains face à l’engouement médiatique pour la méditation de pleine conscience, de plus en plus conseillée comme complément thérapeutique, voire comme alternative. Ils soulignent ainsi plusieurs des faiblesses des études réalisées jusqu’ici, d’abord en mettant en avant la multiplicité des définitions de la pleine conscience et l’importante variété des pratiques de méditation (durée, intensité…). Ils remarquent également que les méthodologies choisies sont souvent les mêmes pour l’étude de la pratique de la méditation cinq minutes par jour via une application de smartphone, comme pour celle effectuée dans le cadre d’une retraite de trois mois. Des pratiques à ne peut-être pas mettre sur le même plan…

Les chercheurs invitent ainsi leurs pairs à préciser, dans chaque recherche, de quel type de pratique il s’agit exactement, et quelles instructions spécifiques ont été données aux participants. Informations généralement manquantes. Ils soulignent en outre le manque régulier de prise en compte des différences individuelles, alors même que de nombreuses données reposent pour beaucoup, du moins en partie, sur l’auto-évaluation. Outre que les définitions d’un « novice » et d’un « expert » varient considérablement d’une étude à une autre, ce qui complexifie les comparaisons, certains participants risquent de ne pas répondre aux questionnaires de la même manière. Ils recommandent également que les futures recherches décrivent et expliquent ce que la méditation de pleine conscience est susceptible de modifier, biologiquement, émotionnellement, cognitivement, socialement et en matière de comportement, afin que les participants comme les observateurs sachent exactement quoi évaluer, ce qui n’est pas toujours clairement établi selon eux. Ils regrettent aussi que la plupart des études soient menées en contexte de recherche, ce qui ne permet pas d’évaluer, par exemple, l’application régulière dans un cadre clinique. Enfin, ils alertent sur les potentiels effets indésirables pour certains participants, qui seraient à préciser davantage.

Mind the hype : a critical evaluation and prescriptive agenda gor research on mindfulness and meditation, Nicholas T. Van Dam, Marieke K. van Vugt, David R. Vago, Laura Schmalzl, Clifford D. Saron, Andrew Olendzki, Ted Meissner, Sara W. Lazar, Catherine E. Kerr, Jolie Gorchov, Kieran C. R. Fox, Brent A. Field, Willoughby B. Britton, Julie Brefczynski-Lewis, and David E. Meyer, Perspectives on Psychological Sciences 1-26, 2017.

et qui fait référence à la publication suivante : « Mind the Hype: A Critical Evaluation and Prescriptive Agenda for Research on Mindfulness and Meditation. » dont voici le résumé :

Abstract

During the past two decades, mindfulness meditation has gone from being a fringe topic of scientific investigation to being an occasional replacement for psychotherapy, tool of corporate well-being, widely implemented educational practice, and « key to building more resilient soldiers. » Yet the mindfulness movement and empirical evidence supporting it have not gone without criticism. Misinformation and poor methodology associated with past studies of mindfulness may lead public consumers to be harmed, misled, and disappointed. Addressing such concerns, the present article discusses the difficulties of defining mindfulness, delineates the proper scope of research into mindfulness practices, and explicates crucial methodological issues for interpreting results from investigations of mindfulness. For doing so, the authors draw on their diverse areas of expertise to review the present state of mindfulness research, comprehensively summarizing what we do and do not know, while providing a prescriptive agenda for contemplative science, with a particular focus on assessment, mindfulness training, possible adverse effects, and intersection with brain imaging. Our goals are to inform interested scientists, the news media, and the public, to minimize harm, curb poor research practices, and staunch the flow of misinformation about the benefits, costs, and future prospects of mindfulness meditation.

KEYWORDS:

adverse effects; contemplative science; media hype; meditation; mindfulness; misinformation; neuroimaging; psychotherapy