« Le lien, au temps du confinement… » par Gilles Delisle

J’ai plaisir à vous partager ce texte de Gilles Delisle, reçu ce jour.

 

« Le lien, au temps du confinement… »

« Si nous sommes incapables d’affronter notre propre solitude, nous ne faisons qu’utiliser les autres comme des boucliers. »

Et Nietsche a pleuré, Irvin Yalom

La crise que nous traversons est de nature à mettre à l’épreuve les plus résilients d’entre nous. Plus que jamais, le psychothérapeute et son client ont une base commune d’incertitude. Et… chacun sait que l’autre sait.

Ce qui était tenu comme allant de soi il y a quelques semaines encore, nous semble désormais à la fois lointain, précieux et incertain. C’est en ces temps de stress intense que la relative fragilité de certains acquis développementaux se rappelle à nous. Comment maintenir sa sécurité dans l’attachement, quand autant de personnes qui nous sont chères, sont désormais inaccessibles ? Comment maintenir son estime de soi, quand on perd ses miroirs sociaux ?  Comment garder Éros, quand Thanathos rôde…? Autant de questions qui, plus ou moins consciemment, se promènent dans le mode interne.

Rarement dans l’histoire de notre profession aura-t-on vécu de manière aussi essentielle, le caractère inaliénable du lien humain. Quoi que nous estimions thérapeutique dans nos interventions, que ce soit la justesse de l’interprétation, la résonance empathique, ou le travail de l’ici et maintenant, l’essentiel en ce temps de crise est que le thérapeute soit là ! Encore et toujours. Malgré et avec sa propre inquiétude, sa propre peine. Relié plus que jamais.

Au sortir de cette longue traversée, nous nous souviendrons de ces temps où l’essentiel est apparu, sans fard.

Gilles Delisle

 

Gilles Delisle, Ph.D. est directeur du Centre de formation le CIG depuis 1981.  Il est aussi professeur associé à l’Université de Sherbrooke. Il est membre de la Société Gilles_Delisle.jpginternationale de neuropsychanalyse. L’Ordre des psychologues lui a remis le Prix Noël-Mailloux en 2010. Il est formateur invité de plusieurs instituts étrangers et il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la psychopathologie et sur la psychothérapie. Il a dirigé la traduction des ouvrages de neurosciences appliquées à la psychothérapie : La régulation affective et la réparation du Soi (Schore, 2008) et La neuroscience de la psychothérapie, guérir le cerveau social (Cozolino, 2012).  Co éditeur du livre: Une psychothérapie du lien : Genèse et continuité (2012) Co auteur de Les troubles de la personnalité, perspective gestaltiste (2018) 4e édition

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