La pratique analytique

« (..) La pratique analytique (..) n’est pas de tout repos. Elle est singulièrement éprouvante. D’être des heures, des années durant, le dépositaire de la souffrance, de l’angoisse de ses patients, se sentir parfois réduit à n’être que le témoin impuissant d’une autodestruction ravageante, être pris pour cible d’attaques haineuses, ou pour objet d’un amour passionnel, tout cela ne Unknownlaisse pas intact. A la fin de la journée (..) il est rare que l’humeur soit paisible, la pensée limpide, les frontières de son propre » moi » solidement établies. Bref, avoir été pris pour un autre que celui qu’on croit être, et d’avoir été soumis à l’épreuve de l’altérité de l’inconscient, on ne sait pas trop qui on est. Et cette intranquillité (..), cet ébranlement de son identité, on ne peut les partager avec personne, pas seulement au motif du secret professionnel. Je crois que c’est précisément cette solitude foncière de l’analyste qui le pousse à maintenir un lien avec ceux qui connaissent une expérience sinon similaire, du moins du même type ». J.-B. Pontalis, Le Laboratoire central.

 

Jean-Bertrand Lefèvre-Pontalis, né en à Paris où il meurt en , est philosophe, psychanalyste, éditeur et écrivain. Après avoir suivi des études de philosophie, Jean-Bertrand Lefèvre-Pontalis s’engage dans des mouvements politiques de gauche, auprès de Maurice Merleau-Ponty puis de Jean-Paul Sartre, qu’il a eu pour professeur. Il publie dans Les Temps modernes et accède à son comité de rédaction. Un temps proche de Jacques Lacan, il devient psychanalyste avant d’être également reconnu comme écrivain et éditeur.

 

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