Un excellent article de Yves Cohen, Directeur d’études (EHESS – CRH : Centre de recherches historiques et CERCEC : Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre européen).
» (…) le siècle passé s’est trouvé sous la domination de la psychologie des foules de Gustave Le Bon. Celui-ci a publié son maître-ouvrage en 1895. Le livre est immédiatement devenu un best-seller mondial avec de nombreuses traductions avant même la Première Guerre mondiale. Pour l’auteur, toute foule, organisée ou non, a besoin d’un leader, d’un meneur, d’un maître, sous peine de prendre de mauvaises voies en suivant ses tendances spontanées qui conduisent inévitablement vers le mal. Une des phrases les plus importantes du texte, répétée comme un leitmotiv sous diverses formes, consiste à dire que « les hommes en foule ne sauraient se passer de maître». L’expression a été très convaincante pour toutes celles et ceux qui avaient décidé de considérer qu’ils faisaient face à des masses dans les usines, en politique, dans la guerre, dans l’éducation, dans la gestion urbaine et même dans les églises, tandis que la révolution industrielle prenait des proportions croissantes et un caractère de masse dans de nombreux pays20 . Et ceci ne constituait pas seulement une croyance pour les élites capitalistes, conservatrices, administratives, religieuses, éducatives ou militaires, ça l’était aussi pour une partie des élites du mouvement socialiste. (…) »
Les foules raisonnables. Notes sur les mouvements sans parti ni leader des années 2010 et leur rapport avec le XXe siècle.
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