Vient de paraître « L’ère du toxique » par Clotilde Leguil

Me tient particulièrement à coeur, non seulement pour la qualité du texte et de son autrice, mais aussi parce que le sujet de la jouissance, du plaisir versus celui du désir (à ne pas confondre avec l’envie de pizza, de tel nouveau modèle de voiture ou de tel élan de faire du bien), est devenu central. J’y reviendrai par ailleurs, et plus tard.

Résumé de l’éditeur

Le terme de toxique, d’un siècle à l’autre, semble avoir changé de signification. Du sens propre, concernant les paradis artificiels et les stupéfiants en tout genre, nous sommes passés à un sens métaphorique. Quelle est cette substance nouvelle, qui s’est glissée entre les êtres, qui se faufile entre les interstices du monde, entre les mots et les choses, et qui dit notre fragilité et notre angoisse ? Le toxique désigne ce qui vient empoisonner nos vies, soumises à des discours qui nous prennent au corps. Si la flèche du toxikon nous vient des Grecs, elle a accompli une trajectoire traversant l’Histoire pour se planter dorénavant dans la chair de chacun. Les

prémices du toxique peuvent être trouvés dans les tourments de Törless, le héros de Musil, mais aussi dans la maladie d’amour dont souffre Emma, l’héroïne de Flaubert, comme empoisonnée par sa propre jouissance. Pour explorer cette hybris nouvelle, Clotilde Leguil démontre avec Lacan la dimension toxique du Surmoi contemporain et l’égarement de la jouissance lorsqu’elle oublie le désir.

Autour de l’auteur

Clotilde Leguil est philosophe et psychanalyste, professeure au département de psychanalyse de Paris 8 et membre de l’École de la Cause freudienne. Depuis son premier essai, Les Amoureuses, voyage au bout de la féminité (Seuil, 2008), elle explore les zones d’ombre de l’expérience de l’intime. Partant du postulat qu’il n’y a pas de consentement éclairé, son dernier essai, Céder n’est pas consentir. Une approche clinique politique du consentement (Puf, 2021), a donné une portée éthique à la distinction entre « céder » et « consentir ».

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Clotilde Leguil sur France Inter (10′) :

Aujourd’hui à 7h50, Marion L’Hour reçoit Clotilde Leguil, agrégée et docteur en philosophie, professeur au département de psychanalyse de Paris 8 et psychanalyste, co-productrice du podcast L’Inconscient, pour son essai « L’ère du toxique », sur le nouveau malaise dans la civilisation (PUF).

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50-du-week-end/l-invite-de-7h50-du-we-du-dimanche-17-septembre-2023-8027834

L’ère du narcissisme de masse avec Clotilde Leguil

Dans « L’Heure Philo » présenté par Patricia Martin, la philosophe et psychanalyste Clotilde Leguil.

L’heure Philo de vendredi 17 septembre 2021 présenté par Patricia Martin sur France Inter.

Podcast ici : https://www.franceinter.fr/emissions/l-heure-philo/l-heure-philo-du-vendredi-17-septembre-2021

L’ère du narcissisme de masse avec Clotilde Leguil

Dans « Je, la traversée des identitées », la psychanalyste et philosophe Clotilde Leguil s’interroge sur cette nouvelle version du narcissisime liée à la révolution numérique.

Il y en a aujourd’hui qui haïssent le « Je », qui déclarent sa fin prochaine, ou même sa disparition accomplie. Il y en a qui préfèrent le « Nous », l’identité qui peut se partager ; d’autres encore qui préfèrent le « Il » scientifique, l’identité qui peut se compter. Comment alors continuer à être « Je » lorsque l’époque tend à faire disparaître la nécessité d’un rapport subjectivé à son existence ? Le narcissisme de masse se présente paradoxalement comme un effort pour continuer à exister en première personne dans le monde uniforme de la mondialisation.

Mais n’est-ce pas là un autre piège ? Le déchaînement des passions sur les réseaux sociaux, la mise en scène de notre vie privée, le partage de notre intimité nous aident-ils vraiment à retrouver notre singularité perdue dans l’univers irrespirable de la quantification de soi et de la marchandisation des expériences ?

Dans un monde globalisé, où la toile permet à chacun de s’exprimer à tout va et parfois de façon pulsionnelle , où les selfies favorisent une mise en scène permanente de soi, on assiste à un narcissisme de masse qui détourne finalement chacun du souci de sa propre existence et conduit à trouver refuge dans des communautés diverses et variées.

Comment retrouver cette heure de vérité qu’est le Je ? Comment exister dans sa propre subjectivité tout en étant relié à l’Autre ?  Quel rôle la psychanalyse peut-elle tenir dans ce monde nouveau?

Parier sur le « Je » offre une autre voie que le narcissisme. Parier sur le « Je », c’est accepter de miser sur la parole et le langage, c’est continuer de croire avec Freud et Lacan dans les messages de nos rêves et de nos cauchemars, c’est ne pas suturer la dimension de l’inconscient. Parier sur le « Je », c’est faire une traversée : la traversée des identités.

avec Clotilde Leguil, philosophe et psychanalyste. Elle enseigne en tant que professeur au Département de psychanalyse de Paris8 St Denis. « Je, une traversée des identitée a été publié en 2018 aux Editions Puf. « Céder n’est pas consentir. Un approche clinique et politique du consentement » vient tout juste de sortir.