Ouvrage paru en octobre 2018, il mérite notre attention et intérêt, et aussi (mais pas que) dans le contexte actuel. Extrêmement documenté, infiniment pédagogique et accessible, terriblement dense et enrichissant …
Un extrait, juste pour le plaisir de savourer et mettre en appétit :
« La liberté entendue comme un droit général à l’autodétermination, càd. comme faculté de faire des choix et de mener sa vie comme on l’entend, recèle ainsi de nombreux pièges dans lesquels la Cour (européenne des droits de l’homme) se laisse prendre. (…) (elle) s’y engouffre , et se laisse enfermer dans l’idée que la liberté comme autonomie personnelle aurait pour seule définition et pour seule exigence la libre expression de ses choix par la personne, et donc pour seul critère le consentement de celle-ci. (…) L’équation consentement = liberté est cependant, en droit, un peu courte. »
Bonne lecture !

» L’interdit est-il l’ennemi de la liberté ? Celle-ci est-elle toujours du côté du permis ? Cet ouvrage montre que la réponse à ces questions n’est pas si simple. Le consentement et le contrat ne suffisent pas à garantir la liberté, et ils en sont même parfois les fossoyeurs ; à l’inverse, l’interdit ou la dignité n’en sont pas toujours les ennemis.
La simple non-ingérence de l’État ne suffit en réalité pas pour assurer l’autonomie des personnes et le pluralisme des choix de vie. Le droit a alors un rôle à jouer pour soutenir la liberté, entendue comme le projet et le processus d’émancipation de tous et de chacun. La liberté des modernes et les droits de l’homme doivent être défendus. Mais conforter les acquis de la liberté individuelle suppose de s’intéresser à ce dont elle a besoin pour être instituée, et ce afin d’éviter qu’elle ne se délite ou ne se retourne contre les plus faibles. La liberté ne peut pas être la liberté de détruire ce qui protège et garantit la liberté. «
Professeure de droit à l’université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne), Muriel Fabre-Magnan est l’auteur de nombreux ouvrages, principalement aux Puf, d’introduction générale au droit, de droit des contrats ou encore de droit de la responsabilité civile.