Monde en mutation, psychologues en mutation ?
Journée de formation organisée par le bureau régional breton du SNP
VENDREDI 3 OCTOBRE 2014 de 9H à16H30
à MORLAIX
Dans ce qu’il est commun de désigner comme une accélération de l’histoire, une mutation du monde, quelle est la place actuelle, ou possible des psychologues ? N’ont-ils pas une responsabilité à engager et une responsabilité d’engagement ?
– Au niveau de la famille : est-elle soluble dans le changement ? Est-elle « dans tous ses états » ? La notion de « parents » vient ringardiser la nomination du « père » et de la « mère »; le mariage est quant à lui une institution en pleine évolution ; le droit de la filiation va continuer à traduire dans le social des mutations dans les pratiques. Quelle est-sera la parole du psychologue, parole qui ne se confonde pas avec le droit et la morale, afin d’accompagner ces changements et réfléchir à la fonction de la famille ?
– Au niveau du monde professionnel : l’entreprise, les services sont liés dans leur évolution à un processus de marchandisation généralisée, où priment rendement, évaluation, logique d’un travail réduit à une succession d’actes ou tâches… Là encore, s’agit-il pour les psychologues « d’accompagner le changement » ? A qui profiterait la bienveillance d’une neutralité ? Autrement dit, le psychologue est-il « auxiliaire précieux », ou indispensable impertinent ?
– Au niveau bio-éthique : la science (la performance) sera-t-elle « la ruine de l’âme »? A l’ère du développement de nouvelles technologies révolutionnant la perspective des limites, dont l’humain semble près de se libérer, quel peut être l’apport des psychologues qui, se fondant sur leur expérience clinique, sont témoins du potentiel jusqu’ici structurant des limites ?
En bref, que « fait » ou « fera » le psychologue ? Est-il lui aussi en mutation ? Va-t-il muer (changement partiel ou total qui affecte la carapace, les cornes, la peau, le plumage, le poil ; changement dans le timbre de la voix) ? Va-t-il rester mutique, condamné au silence ou accroché à son refus de parler ? Ou va-t-il se montrer mutin ?
Comment contribuer à ce que l’humain reste acteur-sujet et non pas subissant des progrès qui le dépassent ?
Comme les autres années, nous allons bénéficier de l’éclairage de collègues-intervenants dont nous sommes nombreux, et heureux, à avoir déjà pu éprouver la qualité des interventions.
Déroulement de la journée et intervenants :
De 9h30 à 16h00 : interventions et temps d’échange, accueil dès 9h00
Daniel COUM
Psychologue clinicien directeur des Services – Association PARENTEL, et intervenant en placement familial spécialisé; membre associé au Laboratoire – CRPC-CLCS EA 4050 Composante Recherches en Psychopathologie Clinique : Clinique du Lien et Création Subjective – ISH UBO, Brest et au Laboratoire d’Anthropologie et de Sociologie – CHIAPS – Rennes 2. Auteur de « Repères pour le placement familial », Erès, 2010 et de « Qui sont les parents d’un enfant? », Yapaka, 2014
Daniel COUM analysera les changements qui surviennent dans les modalités du « faire famille » aujourd’hui et l’impact que ces changements ont sur les liens familiaux et la constitution du sujet lorsque le « virtuel » et la satisfaction du désir prennent le pas sur la référence à la loi et au dogme.
Quelques questions fondamentales s’en suivent : qu’en est-il des outils conceptuels que nous utilisons tels « parentalité », fonction parentale, pluriparentalité, etc. pour essayer de rendre compte de ces changements?
Comment nos représentations et nos savoirs habituels viennent-ils faire obstacle à une compréhension renouvelée des phénomènes familiaux? Comment la mutation de la famille constitue-t-elle un laboratoire à ciel ouvert qui nous permet de revisiter la rationalité des liens familiaux? Quelle prise en compte dans la clinique?
Jacques BORGY
Secrétaire Général du SNP, psychologue au centre psychothérapique de l’Ain, et psychologue-psychothérapeute en libéral associant son double regard de psychologue salarié et libéral à son expérience de membre actif du SNP, dans le cadre duquel il a pu accompagner multitude de collègues confrontés à des situations institutionnelles complexes et trop souvent douloureuses, abordera avec nous la façon dont les notions, notamment, de performances, de tâches, d’efficacité et autres démarches qualité ont modifié le contexte de la pratique des
psychologues. L’institution sociale, l’institution de soins, échappent-elles à la libéralisation, à la marchandisation, à la standardisation, à la normalisation, à la politique du risque zéro qui mettent à rude épreuve le sujet dans l’humain.
Le thème de la bio-éthique sera sans doute l’objet de discussion plus informelle à moins que nous puissions recevoir un invité dont l’agenda reste incertain…
Contact informations et inscriptions : v .guyot.psychologue@gmail.com