« Pour un coaching « qui ne soit pas du semblant… »  » par Lucien Lemaire

Article complet disponible sur « Fil d’Ariane spécial coaching, décembre 2007 »

par Lucien Lemaire, coach consultant et formateur en management et management de projet, responsable pédagogique du DESU Coaching et chargé d’enseignement à la Faculté d’Economie Appliquée Aix Marseille 3

____

« L’existence est rare. Nous sommes constamment, mais nous n’existons que quelquefois, lorsqu’un véritable événement nous transforme.» Henry Maldiney

Je commence parfois mes articles sur le coaching par cette belle citation de Maldiney car elle pose d’emblée et de manière radicale les enjeux. En effet, On ne saurait mieux résumer l’intensité de la tension existentielle dans laquelle à la fois le coach et le coaché se trouvent pris en posant dramatiquement le problème des choix au plus prés de la seule réalité inconditionnellement opérationnelle, celle de l’exsistence. Il y va de notre responsabilité de coach d’être au clair avec ces enjeux.

[…]

Qu’on me permette cette anecdote. Lors d’une discussion avec une coach et non des moindres, alors que l’on discutait les critères d’évaluation pour l’épreuve de coaching du diplôme que j’anime, je lui dit que l’un des « critères » important était la relation d’authenticité que le coach instaure. Elle me répondit, sincèrement atterrée devant mon subjectivisme sans distance, que ce ne pouvait être un critère et que de plus c’était un jugement de valeur ! Sans doute n’avait elle lu, ni Heidegger, ni Maldiney, et n’avait t-elle pas non plus compris que toute évaluation repose étymologiquement sur un système de valeurs qu’il est de bonne intelligence d’expliciter, d’assumer, de questionner…..et de déployer !

[…]

En mettant entre parenthèse les thèses, préjugées (en particulier celle de l’existence d’un monde « naturel ») théories, méthodes afin de percevoir comment les choses se donnent à la conscience. On aura reconnu la fameuse réduction phénoménologique ou Epochè : « Éloigner les préjugés, voire tout simplement et s’en tenir à ce que l’on a vu, sans se demander avec curiosité ce qu’il faut en faire. La difficulté de cette naïveté, de cette neutralité de la phénoménologie tient à ce que l’homme a déjà l’élément de son existence dans l’artificiel, dans le mensonge, dans les bavardages » (M.Heidegger)

[…]

L’éthique du coach c’est de n’en avoir jamais fini

Car, comme dans l’art martial, au fur à mesure de la progression, il s’agit d’oublier la technique pour devenir « un plus de présence ». La règle c’est donc, forcément la déconstruction permanente : questionner, mettre en risque ses certitudes et ses pratiques au fur et à mesure de son propre développement personnel (ce que Michel Henry appelle, en revisitant Marx, la praxis et qui s’oppose, justement, à la poiesis, la production, l’outilitaire !). Mais pour déconstruire il faut avoir construit : il est nécessaire parfois de prendre une écharde pour retirer une écharde. Et là, il y a des choix méthodologiques qui ferment et d’autres qui ouvrent. Un bon critère de discrimination est l’explicitation de l’anthropologie sous-jacente : pense t-on que l’homme est une machine à traiter de l’information, qu’il est un automate à état fini, pur produit d’un système qui le dépasse ou organisme biologique dont le seul but est la réduction des tensions… ? Je suggère souvent à mes stagiaires ce petit exercice fascinant : photographier le rayon développement personnel de la FNAC (ou de votre librairie préférée !) pour une vue exhaustive de l’avenir radieux, sans douleurs et sans efforts, que promettent telle ou telle méthode….

[…]

Une réponse

  1. Ping : “Pour un coaching « qui ne soit pas du semblant… » ” par Lucien Lemaire | Coaching et management systémique | Scoop.it

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d blogueurs aiment cette page :