Cet ouvrage est paru en janvier 2023 aux éditions érès. Son intérêt, à mes yeux, réside d’une dans la proposition de la notion de « plusmaternel » que Laura Pigozzi, psychanalyste, a forgé et qu’elle définit ainsi : « Nous appelons plusmaternel la forme sous laquelle une relation symbiotique se substitue à la fonction symbolique maternelle, où une limite est remplacée par la loi arbitraire de la chair. » (« Mon enfant m’adore », érès, 2018). J’apprécie d’autre part la proposition que l’auteur fait pour penser le tissage, aujourd’hui, entre sujet et collectif. Je vous laisse découvrir la suite ci-dessous.
Un mal d’enfance
De la dépendance maternelle à l’infantilisme social
Traduit par Patrick FAUGERAS
Laura Pigozzi montre comment l’échec de la famille est la racine d’une tragédie sociale plus vaste et férocement destructrice, comment la dépendance maternelle crée des adultes infantiles, de très mauvais citoyens voire d’authentiques dictateurs.
Un nouveau genre de citoyenneté, jusque-là moins visible, est aujourd’hui mis en lumière : le « citoyen-enfant », celui qui a peu de lien avec le collectif, aucun respect pour l’autre, ne connaît pas les règles de la négociation sinon la superbe disparité entre lui et les autres. Les parents ont renoncé au rôle de guide pour devenir des protecteurs inconditionnels de leurs enfants : c’est le plusmaternel qui suspend le moment de la responsabilité.
Or c’est dans les familles que les enfants devraient s’entraîner à trouver l’élan vers le monde, en devenant adultes. Rater cette transformation les condamne à une éternelle enfance, ce qui ouvre la porte non seulement aux enfants tyrans mais aussi aux dictateurs véritables. Cette crise de l’humanisation des enfants touche l’ensemble de la société car le social se construit déjà dans la famille.
Laura Pigozzi offre un plaidoyer pour l’avenir de nos enfants, pour que nous ne les angoissions pas avec nos propres peurs et les laissions sortir de la sphère utérine. Dans une relecture inédite des origines du totalitarisme, elle les invite à apprendre à désobéir à la mère infantilisante et à construire la polis.
Laura Pigozzi montre comment l’échec de la famille est la racine d’une tragédie sociale plus vaste et férocement destructrice, comment la dépendance maternelle crée des adultes infantiles, de très mauvais citoyens voire d’authentiques dictateurs. La pandémie a mis en exergue un nouveau genre de citoyenneté, jusque-là moins visible : le « citoyen-enfant », celui qui a peu de lien avec le collectif, aucun respect pour l’autre, ne connaît pas les règles de la négociation sinon la superbe disparité entre lui et les autres. Les parents ont renoncé au rôle de guide pour devenir des protecteurs inconditionnels de leurs enfants : c’est le plusmaternel qui suspend le moment de la responsabilité. Ainsi la famille, à l’origine de la civilisation, semble aujourd’hui ne plus assurer l’humanisation des enfants élevés en son sein. C’est une crise qui touche l’ensemble de la société car le social se construit déjà au sein de la famille. La génération qui a contesté élève des enfants et petits-enfants dociles, prêts à l’assujettissement. Que s’est-il passé ? Laura Pigozzi offre un plaidoyer pour l’avenir de nos enfants, pour que nous ne les angoissions pas avec nos propres peurs. Laissons-les partir hors de la sphère utérine. Car la subjectivité n’est pas qu’une affaire intime, elle ne peut exister qu’à travers le lien collectif : le reconnaître est déjà une révolution.