Les adolescent·e·s et leur(s) sexualité(s)
Y a-t-il un malaise actuel dans la sexualité adolescente ?
La puberté – et son corollaire pulsionnel – signe l’entrée de l’enfant dans l’adolescence et, ce faisant, dans une aventure corporelle, émotionnelle, psychique, relationnelle donc sociale inédite.
Parce que « plus rien de l’humain ne lui est dès lors étranger » (J.-J. Rousseau) l’adolescent/e n’est plus épargné/e, comme il/elle l’était enfant, des affres et des plaisirs liés au sexe. Si la vie sexuelle n’est pas totalement étrangère à l’enfant, elle ne l’est qu’au titre d’être refoulée, exclue du rapport de dépendance aux parents et mise au service de l’éducation.
Avec « les métamorphoses de la puberté » (S. Freud), s’ouvre à l’adolescent/e un champ de possibles inédits qui impliquent, au plus près d’un corps en transformation, de nouvelles aptitudes (procréatives, entre autres) et de nouvelles expériences. Parce que l’adolescent/e est inévitablement travaillé/e par l’irruption du réel du corps dans sa vie psychique, devenir un homme ou une femme est une épreuve identitaire à laquelle aucun/e n’échappe. L’autre (de l’autre sexe ou du même sexe) exerce alors une attraction irrépressible qui appelle à un décentrement de soi et inaugure, possiblement, de nouvelles modalités de rencontre… sexuelles, sensuelles, érotiques et/ou amoureuses. Cela ne va pas sans risques ni prises de risque. La carte du tendre des temps modernes conduit parfois l’amoureux en déficit d’éducation sentimentale vers des contrées dangereuses.
Et la « plus délicate des transitions » (Ph. Lacadée) l’est également, délicate, pour ceux qui font profession d’accompagner ce temps singulier de la vie humaine où émerge « le commencement de la femme [ou de l’homme] dans la fin d’un enfant » (V. Hugo).
Comment les adolescent/e/s d’aujourd’hui font-ils/elles avec l’embarras ordinaire que déclenche en eux/elles le surgissement de la pulsion sexuelle ? Comment aller vers l’autre sexe et/ou le sexe de l’autre au nom d’un désir désormais érotisé ? Quel impact les expériences enfantines peuvent-elles avoir sur la vie sexuelle et amoureuse des adolescent/e/s ? Y a-t-il un malaise actuel de l’engagement des jeunes dans la vie sexuelle ? Quels usages les adolescent/e/s peuvent-ils faire des nouveaux outils de communication dans le déploiement de leur vie sexuelle et amoureuse naissante, et en quoi celle-ci s’en trouve-t-elle possiblement transformée ? Quelle peut être la fonction des adultes en général et des professionnels en particulier auprès de ces jeunes hommes et jeunes femmes en devenir ?
Ces quelques questions, et bien d’autres encore, alimenteront les exposés et les débats de notre prochaine 13e journée d’étude et de formation sur « Comment écouter les adolescents ? »
Daniel COUM,
Psychologue clinicien et directeur des services de l’association Parentel.